L'assassin royal

Un cycle de fantasy racontant l'histoire de Fitz Chevalerie, bâtard du prince, devenu assassin royal.

C'est de qui ? Robin Hobb
Quelle collection ? entre autres, J'ai lu.

Ça se présente comment ? Plusieurs romans, j'ai lu les deux premiers, "l'apprenti assassin" et "l'assassin du roi", le troisième attend depuis des mois sur mon étagère. J'en ai lu quelques pages, j'ai bloqué, abandonné, retenté à nouveau et me suis lassée assez vite.

A noter que les livres sont écrits à la première personne, ce qui, personnellement, m'empêche de me plonger tout à fait dans l'histoire. J'ai toujours l'impression désagréable que le personnage vient me pousser du coude en me disant "Eh ! T'as vu ? C'est mon histoire là !"

Pour qui ?

Ceux qui aiment les histoires fantasy dans un monde médiéval, avec des rebondissements plutôt gentillets. (je dirais que finalement ça fait plus littérature pour adolescents qu'autre chose)

De quoi ça parle ?

D'un petit garçon, Fitz, bâtard du prince, qui est engagé par le roi comme assassin. Il est un peu élevé comme un animal au début du livre, puis commence sa formation d'assassin pour finalement être introduit à la cour. Fitz maitrise une ancienne forme de magie, le Vif, qui lui permet de communiquer avec les animaux. Au fil des livres, il grandit, se perfectionne - plus ou moins - en magie, apprend à tenir son rôle d'assassin mais aussi d'homme lige du roi. Une petite histoire d'amour et une autre de fraternité avec un loup au passage, de mystérieux pirates, le tout sur fond de complots et on a fait le tour !

Honnêtement ? Au début, tout va bien, même si j'ai trouvé la partie où Fitz est enfant assez longue. Disons que le point de vue d'un petit enfant est vite limité et pas bien passionnant. C'était certes nécessaire d'en passer par là, mais trop long. Ensuite, de bonnes surprises, le monde n'est pas mal amené, la magie, la cour du roi etc. On se demande juste un peu comment un garçon élevé au milieu des chiots peut ensuite se poser de grandes questions philosophiques sur son statut d'assassin. Mais bon, l'histoire se déroule bien, ça se lit agréablement. J'ai bien aimé le personnage du Fou, qui continue à m'intriguer, de même que Royal, le prince au double jeu. C'est peut-être pour eux que je lirai un jour la suite. Il y a des idées sympathiques, quoique pas forcément nouvelles, avec le Vif et l'Art, les deux formes de magie, bref, on suit gentiment Fitz dans ses (més)aventures

Et puis, c'est le drame ! On s'aperçoit soudain que l'auteur est un bisounours. A partir du moment où on a compris que, quoi qu'il arrive aux personnages, ça se terminera bien (vive Fouinot qui revient presque d'entre les morts... désolée d'avoir gâché le suspense, mais c'est ce qui m'a le plus choquée et m'a fait remarquer ce principe de fonctionnement) on perd tout intérêt au roman. Les personnages ont certes tout un tas de misères, mais tout s'arrange toujours ! Alors, au bout d'un moment, on ne s'inquiète plus beaucoup, le suspense retombe et... le troisième volume est donc resté sur l'étagère.

Les personnages sont assez creux ou du moins un peu niais, tout cela fait superficiel. Disons que j'ai passé pas mal de temps à me demander pourquoi tel ou tel personnage agissait de la sorte. J'ai l'impression de voir l'auteur déplacer ses grosses ficelles de scénario en oubliant que ça ne colle pas forcément aux personnages. Fitz navigue bêtement entre un semblant de mauvaise conscience à cause de son rôle d'assassin - sans pour autant pousser la réflexion bien loin - et des accès de bonne volonté pour sauver le monde, avant de se montrer à nouveau tout fragile devant certaines situations. On ne sait pas trop comment le prendre, ça fait un peu trop de facettes au personnage qui devient légèrement incohérent. J'ai l'impression que l'auteur, au lieu de se dire "comment réagirait mon personnage dans une telle situation ?" a plutôt fait l'inverse, créé l'intrigue avant les personnages pour finalement forcer les personnages à coller à l'intrigue, quitte à justifier les réactions de façon un peu bancale.

En conclusion ?

C'est terriblement gentillet. D'accord, les vilains pirates sont très méchants et très cruels, mais franchement, on ne s'étonne pas qu'ils s'en sortent si bien ! Les gentils sont des incapables, désorganisés, se tirant dans les pattes, se reposant, les dieux seuls savent pourquoi, sur un gamin formé à devenir assassin en à peine quelques années ! Le pauvre Fitz court partout pour sauver le monde, s'inquiète vaguement de tuer des gens au passage et, au final, se préoccupe plus de savoir s'il va pouvoir se marier !  Une fois que l'intrigue est gâchée par le fait qu'on a compris que l'auteur aimait que tout se termine bien, eh bien... on referme et on passe à autre chose. J'ai passé de bons moments, j'ai lu les deux premiers tomes en entier et avec plaisir, mais de là à poursuivre... on verra le jour où je n'aurai rien de mieux à faire !

Quelques lignes ?

Le maître d'Art s'adresse à ses élèves, dont Fitz :

Une flamme brulait au fond de ses yeux délavés et il tendit les bras au ciel en point d'orgue à ses propos. Il resta un long moment silencieux, le regard levé, les bras dressés au-dessus de sa tête, comme s'il arrachait du pouvoir au ciel lui-même.

"Je le sais, reprit-il d'un ton plus calme. Je le sais. Mais notre roi, que tous les dieux l'honorent et le bénissent, notre roi doute de moi ; et comme c'est mon roi, je m'incline devant sa volonté. Il veut que j'essaie de trouver parmi vous, qui êtes de sang inférieur, ceux qui auraient le talent et la force de caractère, la pureté d'intention et la rigueur d'âme qu'exige l'apprentissage de l'Art. Selon les légendes, nombreux étaient ceux que l'on formait autrefois à l'Art et qui œuvraient aux côtés de leur roi à détourner le péril de notre pays. Peut-être est-ce exact, peut-être les vieilles légendes exagèrent-elles ; toujours est-il que mon roi m'a ordonné de créer un surcroit d'artiseurs et que je m'y efforcerai. "