Artemis Fowl

Un de mes romans jeunesse préféré, qui me semble assez original par rapport à tout ce qu'on peut trouver.

C'est de qui ? Eoin Colfer
Quelle collection ? Gallimard jeunesse, mais il existe des versions poche.

Ça se présente comment ? Au départ, un roman, puis il y a eu des suites, jusqu'à arriver à sept livres (dont le dernier qui est sorti cette année en version originale). Les suites valent aussi le détour, du moins j'ai lu jusqu'au tome 5, le deuxième tome étant mon préféré. Le premier roman fait environ 300 pages, avec une jolie couverture représentant un manuscrit pour l'édition que j'ai.

Pour qui ?

A la base, c'est un roman pour adolescents, mais je pense que ça peut très bien passer en tant qu'adulte, pour peu qu'on apprécie le style un peu policier, aventure, avec un mélange magie/monde moderne, le tout bien écrit et avec une bonne dose d'humour.

De quoi ça parle ?

Artemis a douze ans dans le premier livre et prend un an à chaque tome. C'est un jeune garçon surdoué mais avec peu de scrupules. Son idée ? Voler l'or des fée. Car Artemis a découvert que le Peuple des fées existe bel et bien et vit sous terre. Il enlève donc une fée et fait une demande rançon. L'ennui, c'est que la fée qu'il a enlevée, Holly, appartient aux forces armées et n'est pas décidée à se laisser faire !

Le contexte en lui-même est bien posé : le peuple des fées bénéficie de la magie et d'une technologie très poussée, mais est contraint de vivre sous terre, les humains ayant envahi la surface de la Terre. Artemis force les deux peuples à se rencontrer, ce qui occasionne bien des ennuis aux deux partis qui dans chaque tome essayent de revenir à un semblant de statu-quo. Au passage, on a droit à quelques explications sur nos croyances en lien avec les légendes irlandaises. Disons que tout est raconté de manière à ce qu'on puisse se dire que ce qui est raconté est bien réel.

Les personnages sont creusés et attachants et, comble du bonheur, évoluent d'un tome à l'autre. Artemis vieillit un peu, mais, surtout, la psychologie change aussi, de même que celle d'Holly. Au début, les héros paraissent un peu froids et puis, on se rend compte qu'au fond, ils sont humains et cachent des petites faiblesses... Même si, certes, on en reste pas mal aux archétypes classiques, la façon dont ils sont exploités fait oublier qu'on a encore droit aux clichés du genre. Et puis, Artémis est un anti-héros, ça nous change de l'orphelin devant sauver le monde qui découvre à la fin du livre que son père est le grand méchant de l'histoire (là, le père est un criminel qui a disparu, et la mère a sombré dans la folie, fort sympathique !). En fait tout est dans ce style, un peu sombre, car Artemis est très terre à terre et d'un abord pas forcément sympathique. Mais dès qu'on se penche un peu sur le personnage, on le voit sous un autre jour.

Ensuite, il y a les intrigues : aventure, policier, espionnage... il y a un peu de tout ça, les différents tomes sont totalement différents à ce niveau, évitant qu'on se lasse et se suffisant à eux-même. On est bien loin des suites de cycles interminables dont on finit par se dire que l'auteur a décidé de diluer son texte pour vendre plus d'exemplaires. Donc, pour chaque livre, une véritable aventure trépidante au programme. Holly est membre des FARfadets, Forces Armées de Régulation du Peuple des Fées et est donc épaulée par son supérieur et un centaure paranoïaque, génie de l'informatique, ce qui donne toujours un côté policier à l'histoire et permet pas mal de rebondissements.

Enfin, ce qui reste pour moi le plus important : il y a de l'humour ! Bon, ce n'est peut-être pas le comique de l'année, ça n'en a de toute façon pas la vocation, mais c'est drôle. Bien écrit, aussi, ce qui n'est pas le cas de tous les livres pour adolescents qui ont parfois la fâcheuse tendance à simplifier vocabulaire et tournures de phrases.

En conclusion ?

J'adore ! (oui, c'est concis, mais c'est un cri qui vient du cœur !) C'est bien écrit, les intrigues sont pleines de péripéties, il y a de l'humour et les personnages sont attachants.

Attention cependant à ne pas se fier au premier chapitre qui est franchement sombre, plutôt dégoutant et qui à mon sens fait tâche dans le livre. Si tout était de ce genre, jamais je ne l'aurais lu en entier. Mais ça vaut le coup de passer ce cap et de poursuivre : après, c'est un vrai plaisir.

Quelques lignes ?

Extrait du prologue :

Comment pourrait-on décrire Artemis Fowl ? Les nombreux psychiatres qui s'y sont essayés ont dû confesser leur échec. La principale difficulté de l'entreprise réside dans l'intelligence d'Artemis. Celui-ci parvient en effet à déjouer tous les tests auxquels on le soumet. Face à lui, les plus grands esprits du monde médical se sont trouvés plongés dans une infinie perplexité et nombre d'entre eux, balbutiants et hagards, sont retournés dans leur propres hôpitaux, à titre de patients cette fois. Artemis est sans nul doute un enfant prodige. Mais pourquoi un être aussi brillant a-t-il décidé de consacrer sa vie à des activités délictueuses ? Voilà une question à laquelle une seule personne serait en mesure de répondre. Or, il prend un malin plaisir à ne jamais parler de lui-même.

Et un petit aperçu du récit en lui-même :

 - Vous êtes fou !

 Artemis hocha la tête d'un air indulgent.

 - Si je gagne, je suis un génie. Si je perds, je suis fou. C'est comme ça que s'écrit l'histoire.

Bien entendu, il n'y avait pas eu la moindre injection de thiopental sodique, simplement une piqûre bénigne avec une aiguille stérilisée. Artemis n'aurait pas pris le risque de causer des dommages cérébraux à sa monnaie d'échange, mais il ne voulait pas non plus révéler qu'il avait tiré ses informations du Livre des Fées. Il valait mieux laisser croire à son otage qu'elle avait trahi son propre peuple. Son moral en serait atteint et elle deviendrait plus vulnérable à ses jeux psychologiques.