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31 octobre 2010

La peste noire

Plus jeune, j'ai eu une période "romans pseudo historiques". Mais si, vous savez : ces romans se déroulant au moyen-âge, ou quelques siècles plus tard, qui ont le plus souvent une héroïne à la beauté à peine croyable qui se retrouve persécutée par tout plein de méchants !

Bon, j'ai fini par avoir ma dose et me dire qu'il y avait plus intéressant à lire que ces romans vaguement historiques. Sauf qu'on a trouvé le moyen de m'offrir l'un d'entre eux : "la peste noire". Vous imaginez ma tête. En plus, j'avais eu droit à la peste dans d'autres lectures peu de temps avant, autant dire que je commençais à avoir aussi ma dose de ce côté. Mais... il fallait quand même que je fasse l'effort de le lire, n'est-ce pas ?

Qui a choisi un thème pareil pour son roman ? Gilbert Bordes

Quelle collection ? Pocket

Ça ressemble à quoi ? 370 pages. Il s'agit là du premier tome sur deux de "la peste noire" : la conjuration des lys.

9782266179669

Pour qui ? Ceux qui aiment les romans se passant au moyen-âge avec un mélange d'action sur fond d'histoire familiale et à l'eau de rose.

De quoi est-ce que ça parle ?

Reprenons le résumé qui se situe au dos du livre et qui en dit déjà bien trop à mon goût :

1348. Une terrible maladie venue d'Asie ravage la France. Son nom est dans toutes les bouches : la peste noire. Annoncé par d'énormes rats noirs, ce fléau n'épargne personne, tuant dans d'atroces souffrances, même les plus robustes.

Bon, réjouissons-nous, ce ne sera donc pas un roman exclusivement basé sur les histoires d’amour de l’héroïne. Non, nous aurons aussi la joie de lire des descriptions répugnantes des conséquences de la peste noire sur les pauvres mortels que nous sommes. L’auteur a dû se dire que ça mettrait l’ambiance, mais je trouve surtout qu’au bout du énième cadavre on se lasse de lire ces horreurs. Surtout que le fait de voir disparaitre peu à peu les personnages qui commençaient à devenir intéressants est assez décourageant. Par contre, il faut reconnaitre que ça met un peu de suspense… auront-ils le temps de sauver le royaume des traitres à la couronne avant de mourir ?

Au même moment, dans un village de Gascogne, une toute jeune femme, Eugénie d'Eauze, apprend la vérité sur son illustre naissance : élevée parmi les paysans, elle est pourtant née des amours de l'ancienne reine et d'un troubadour.

Et la petite marmotte elle met le chocolat dans le papier d’allu. Alors je ne sais pas ce qui en est de la vérité historique, mais disons que la pauvre fille élevée dans la campagne, mais qui garde un port de reine - parce que, franchement, avoir du sang bleu ça se voit, on n’est pas commun le commun des mortels, même si on a les pieds dans la gadoue - ça a tendance à me faire lever les yeux au ciel, exaspérée. Eugénie méprise le monde entier, semble-t-il et, si cela l’aide à s’imposer dans sa quête de justice, j’ai pour ma part eu du mal à apprécier le personnage et donc, à souhaiter sa réussite.

Son destin bascule alors : sacrifiant sa famille, Eugénie part reconquérir son rang usurpé et prend la tête d'une conjuration qui veut remettre sur le trône les vrais successeurs de la couronne.

Voilà qui m’a paru un peu gros. On dirait qu’Eugénie, malgré une enfance franchement banale est prête à tout remettre en question du jour au lendemain… c’est quand même très légèrement justifié par l'auteur. J’ai l’impression que, finalement, l’héroïne n’en a rien à faire de sa vie présente et se précipite sans réelle raison sur des aventures impossibles. L’auteur a décidé que cela serait ainsi et notre pauvre personnage n’a plus qu’à suivre, même si l’on se demande pourquoi. Bon, il faut reconnaitre que si on prend le parti d’Eugénie, on peut se passionner pour son combat et vouloir faire triompher la justice avec elle. On peut aussi se dire qu’elle cherche les ennuis pour pas grand-chose quand on voit les réactions de son frère. En tous cas, même si je trouve qu’on prend difficilement à cœur les désirs des personnages, on est tout de même porté par les péripéties qui se succèdent. J’ai eu quelques surprises tout au long du livre car il y a sans cesse des rebondissements imprévus.

Mais la peste semble suivre ses pas, tuant indifféremment ses ennemis ou ceux qu'elle aime, à croire qu'une force surnaturelle accompagne cette héritière royale, ...

Eugénie se pose elle-même la question, ne doutant pas de sa possible toute puissance ! C’est vrai que la peste lui court après sans qu’elle y succombe, mais à partir du moment où toute l’Europe y a droit, cela casse un peu le mythe. Enfin, le fait de voyager à travers la France, voir au-delà de ses frontières, nous montre différents paysages et les réactions des gens à ce fléau, c’est assez intéressant. J’ose espérer que l’auteur s’est documenté sur le sujet. En tous cas, c’est toujours plaisant d’imaginer les nobles garder des boucs dans leur palais pour éloigner la peste. C’est déjà moins plaisant d’imaginer l’odeur, mais il faut bien ça pour se plonger dans l’ambiance.

...qui porte en elle la beauté du diable…

Ah ! Quand je vous disais qu’il fallait toujours qu’on se traine une héroïne plus belle que nature ! Comme si le fait qu’elle soit héritière de la reine fasse qu’elle soit aussi sublime… le sang noble je vous dis ! Allez, on lui pardonne parce qu’elle a tellement d’ennuis en retour qu’on ne peut que la plaindre (même si elle les a bien cherchés, me répète une petite voix).

Pour conclure ?

Je m’attendais à tellement pire, qu’en fait, je dirais que j’ai été agréablement surprise ! Certes, c’est cousu de fil blanc et les personnages sont un peu caricaturaux comme toujours dans ce style de roman, mais l’intrigue se déroule bien, on ne s’ennuie pas. J’ai beaucoup râlé après l’héroïne tout au long du livre mais au final je suis arrivée au bout sans mal, je n’ai pas eu à me forcer. C’est plutôt bien écrit, les dialogues "à l’ancienne" nous mettent dans l’ambiance… La suite attend sur mes étagères. Peut-être pour l’été prochain quand j’aurai envie de me vider la tête ?

Un petit extrait ?

Lors du premier chapitre, le mari d’Eugénie affronte un autre chevalier lors d’un tournoi.

Personne ne marquait son impatience : l’instant était devenu éternité. Enfin le cheval de Geoffroi d’Eauze, écrasé par la charge, se mit à piétiner. Le cavalier, qui avait baissé la ventaille de son heaume, agita sa lourde lance.

- Eh bien, messire, cela vous fait-il peine de m’affronter devant cette noble assemblée ?

Il avait parlé ainsi, Eauze, car c’était tout ce qu’il avait trouvé à dire. Il voyait le regard de Rincourt planté dans celui d’Eugénie et il se sentait absent dans les yeux et les pensées de sa femme, et cela lui faisait plus mal que la pointe d’une lance plantée en plein ventre. Il lui sembla qu’Eugénie et Rincourt étaient comme deux reflets d’une même personne. Il chassa cette pensée douloureuse et il exprima avec colère son impatience.

Rincourt se dirigea lentement vers le bout du pré. Son manque de précipitation, en exaspérant l’adversaire, lui donnait un avantage. Il prit le temps de positionner son cheval, puis l’éperonna. Il volait vers sa proie, Eauze roulait, rocher emporté par son élan. Les lances heurtèrent les boucliers, un bruit de fer monta jusqu’au ciel, un éclat puissant suivi d’un cri bref de la foule. Le chevalier de Rincourt avait su, au dernier moment, dévier sa lance vers la gauche, à la jointure de l’épaule et du bras. La pointe avait glissé, mais s’était accrochée suffisamment pour déséquilibrer le sanglier face au félin qui, à son tour, avait été soulevé de sa monture. Au sol, les deux hommes se remirent sur leurs jambes aussi vite que le permettaient leurs armures et se défièrent de nouveau. Eauze, le premier, sortit sa lourde épée, Rincourt fit de même avec cette légèreté, cette souplesse qui ajoutaient tant de grâce à chacun de ses gestes. Ils délacèrent leur heaume qui bloquait les mouvements de la tête. Contrairement aux usages locaux, Rincourt portait les cheveux courts, dégageant son front tout en hauteur. En face de lui, Eauze, bête à l’épaisse crinière noire, rugissait. Ils se défiaient, cherchant la faille. Un geste, un mot du comte de Toulouse auraient suffi pour arrêter là un combat qui risquait de mal tourner.

Gaston Phoebus pensait à ce que lui avait rapporté un voyageur : à Marseille, une nouvelle maladie tuait des milliers de personnes chaque jour. « Elle prend de préférence les hommes jeunes et forts. Ils vomissent leur sang et un jus verdâtre. Leur corps pourrit en quelques heures, avant qu’ils n’aient rendu leur âme à Dieu ! »

- Ceci est loin de nous ! marmonna-t-il dans un soupir.

- Que dites-vous ? demanda la comtesse de Foix en tournant vers son mari un regard étonné.

- Rien, ma mie. Ces deux hommes qui se défient l’épée au clair ne jouent plus. Il va falloir songer à les arrêter avant qu’ils n’endeuillent ces jeux.

impassible

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